La source d’inquiétude
Une baisse de population continue depuis 2015 (- 2 100 hab./an en moyenne), qui tranche avec la dynamique démographique à l’œuvre depuis 1945, alors que la population française progresse.
...Une baisse qui s’est accélérée en 2020 (- 8 200 hab.), et pas seulement en raison de la pandémie, même si cette dernière accentue le phénomène (moins 4 600 habitants pour le déficit migratoire et moins 3 600 habitants pour le déficit naturel) ;
...Une baisse qui se poursuit encore en 2021 (- 6 100 hab.), et encore en 2022 (-2 700 hab.)
soit -10 500 habitants entre le 1er janvier 2018 et le 1er janvier 2023
...Une baisse qui ne concerne que 2 régions en France sur la période 2014-2020 (Normandie et Bourgogne France-Comté), et 4 régions en 2022 (Bourgogne-Franche-Comté, Normandie, Hauts-de-France, Centre-Val-de-Loire)
En cause
Sur la période 2014-2020
Le déficit migratoire exclusivement (- 23 000 habitants), multiplié par 2 en 6 ans, car le solde naturel demeure positif (+ 13 000 habitants, bien que divisé par 3,5).
Sur la période 2018-2023
La situation s’inverse : le solde naturel devient négatif, tandis que le solde migratoire devient excédentaire (+ 1 800 habitants) Cedernier est même, en 2022, le plus élevé depuis 2007 ! Dans le même temps, l’INSEE observe une baisse des naissances continue depuis 2011 (-19%, soit -7 716 naissances au total), avec un indice conjoncturel de fécondité de 1,81 en 2022.
Dans la balance démographique
En 1 phrase « La population normande diminue à nouveau de 2 700 habitants »
En 1 phrase « La population normande diminue en 2021 pour la 6e année consécutive »
Focus natalité...
Continu depuis 2011, le recul des naissances en Normandie résulte à la fois d’une baisse du nombre de femmes en âge de procréer (moins 0,7% de femmes âgées de 14 à 49 ans, en 2020) et de leur taux de fécondité (1,81 enfant / femme en 2022). Il se situe en dessous du seuil de renouvellement des générations (2,05 enfant / femme > seuil qui était atteint en 2010).
Focus mortalité...
En 2021
Bien que fortement impacté par la COVID-19 en 2020 (+5,5%), le taux de décès continue d’augmenter en 2021 (+0,2%), mais dans une bien moindre proportion.
En 2019
L’augmentation des décès est à mettre sur le compte du vieillissement de la population (arrivée à un âge avancé des populations issues du baby-boom) ainsi que des épisodes caniculaires de 2019, qui ont entraîné une surmortalité.
Focus seniors...
> Consultez le détail de l’analyse INSEE d’avril 2019 sur les conditions de vie des seniors.
Focus sur l’atonie démographique normande
La démographie normande s’affiche comme l’une des moins dynamiques de France, avec celles du Grand Est et de Bourgogne/Franche-Comté.
Le faible dynamisme démographique affecte toutes les régions qui bordent l’Île-de-France.
La bascule de 2013...
un encéphalogramme plat
Encore stable en 2012, le fléchissement démographique s’est amorcé en 2013, puis accentué depuis 2015 (baisse annuelle de 0,2%). Le réservoir normand se vide, principalement en raison du départ des jeunes diplômés, car le solde naturel lui, demeure légèrement positif (+0,1% / an), aidant à compenser le solde migratoire négatif.
Retournement de pyramide...
Une perte de vitalité démographique sans équivoque
Le socle de la jeunesse se creuse (en raison des départs nombreux et du faible niveau d’arrivées), tandis que le sommet des seniors s’élargit avec l’arrivée des baby-boomers dans la catégorie des seniors : la Normandie vieillit !
En 2022, les 65 ans et plus sont quasiment aussi nombreux que les moins de 20 ans !
- Évolution de la structure de la population par âge entre 2003 et 2023
- Crédits : Insee (06/23)
Une situation démographique anémiée
Un solde migratoire révélateur du manque d’attractivité
Bien qu’en partie compensée par l’arrivée massive de papy-boomers franciliens (à Pacy, Granville, Ouistreham, Honfleur...), la fuite des jeunes Normands est une réalité à considérer. La région perd environ 5 000 jeunes / an. La Normandie ne sait pas retenir. Or, elle est pourvoyeuse de nombreuses offres d’emploi et les entreprises peinent à recruter leurs cadres.
Où partent-ils ? Ils partent en Île-de-France, en Aquitaine et en Auvergne-Rhône-Alpes.
Un solde naturel, avec une courbe ascendante des décès que les naissances ne parviennent pas à compenser
Autre marqueur de perte de vitalité, le solde naturel qui s’est inversé depuis 2018. La courbe des naissances peine à maintenir un mouvement ascendant, tandis que celle des décès progresse substantiellement, avec une accélération en 2020, en raison de l’épidémie de COVID-19 (+5,5%). En 2021 pourtant, malgré le recul de l’épidémie, le nombre de décès progresse toujours en Normandie (+0,2%, avec 36 500 décès), signal d’un vieillissement durable de la population. Et le léger regain des naissances (+ 0,7% en 2021), ne parvient pas à compenser l’augmentation des décès. En résumé, on continue de se rendre plus souvent au cimetière qu’à la maternité.
Que faire ?
Tous les efforts doivent être concentrés sur l’attractivité, avec une priorité envers les jeunes, à condition de bien connaître leurs attentes pour mieux y répondre (en termes d’emploi, de formation, de logement, de vie collective...)
2050 dans le viseur
3,4 millions d’habitants pronostiqués (+97 200)
- Un vieillissement important de la population, dû à l’avancée en âge des baby-boomers, à l’installation sur le territoire de seniors retraités, ainsi qu’à une solde naturel négatif (300 décès de plus que de naissances).
- Le nb de personnes de +de 85 ans serait multiplié par 3 d’ici à 2050.
- Une croissance démographique faible, due essentiellement à l’excédent migratoire, le nombre de naissances pronostiqué (34 000) devenant inférieur au nombre des décès (39 000) après 2035.
- Dans la Manche et l’Orne, + de 1 habitant sur 3 serait un senior (la Manche devient le département normand le plus âgé).
- Un solde migratoire qui resterait excédentaire dans 4 départements sur 5.
Sources : statistiques INSEE - Analyses Normandie - Septembre 2022 -
2070 dans le viseur
L’une des évolutions démographiques les plus défavorables du pays !
- Une diminution moyenne de 8 850 hab./an (soit 5 à 6 fois plus qu’entre 2014 et 2020) est envisagée, si les tendances démographiques actuelles se confirment, soit 460 000 habitants de moins par rapport à 2018. Cette baisse concernerait tous les départements de la Région, mais plus particulièrement l’Orne, l’Eure et la Manche.
- Une population vieillissante, impliquant une baisse de la natalité, non compensée par l’excédent migratoire :
- 1 Normand / 3 serait âgé de 65 ans ou + (contre 21% en 2018) > + forte mortalité
- Moins de 19% des Normands auraient moins de 20 ans (contre 14% en 2018)
- Évolution de la population normande entre 2018 et 2070 selon différents scénarios
- Crédits : Insee (11/22)
Focus sur la fonte de la base de la pyramide des âges
Source : Insee analyses Normandie (04/23)
Moins 222 000 jeunes de 3 à 18 ans entre 2018 et 2070
Entre 2018 et 2070, le nombre de jeunes Normands âgés de 3 à 18 ans pourrait passer de 661 000 à 439 000, soit une perte d’1/3 en 50 ans (alors qu’en France, cette baisse serait limitée à 18%). Et d’ici 2030, la Normandie pourrait perdre 93 000 jeunes en âge d’être scolarisés.
- Évolution projetée de la population normande des 3-18 ans entre 2018 et 2070
- Crédits : Insee Analyses n°112 (04/23)
Une disparité territoriale : les territoires ruraux (Eure, Orne, Manche) plus marqués par cette trajectoire de baisse, que les départements plus urbanisés (Calvados et Seine-Maritime).
Les 6-10 ans parmi les plus affectés par cette baisse, et ceci dès 2030. Alors la baisse du nombre de jeunes âgés de 15 à 18 ans ne devrait être significative qu’à partir de 2030.
Volume : 4 pages